Thank you, Renee!

Two of her favorite poems!  (offered  “des coeur”, before IPT  chemotherapy)

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Recueillement

Sois sage, ô ma Douleur, et tiens-toi plus tranquille.
Tu réclamais le Soir; il descend; le voici:
Une atmosphère obscure enveloppe la ville,
Aux uns portant la paix, aux autres le souci.

Pendant que des mortels la multitude vile,
Sous le fouet du Plaisir, ce bourreau sans merci,
Va cueillir des remords dans la fête servile,
Ma Douleur, donne-moi la main; viens par ici,

Loin d’eux. Vois se pencher les défuntes Années,
Sur les balcons du ciel, en robes surannées;
Surgir du fond des eaux le Regret souriant;

Le soleil moribond s’endormir sous une arche,
Et, comme un long linceul traînant à l’Orient,
Entends, ma chère, entends la douce Nuit qui marche.

”” by Charles Baudelaire

Meditation

Be quiet and more discreet, O my Grief.
You cried out for the Evening; even now it falls:
A gloomy atmosphere envelops the city,
Bringing peace to some, anxiety to others.

While the vulgar herd of mortals, under the scourge
Of Pleasure, that merciless torturer,
Goes to gather remorse in the servile festival,
My Grief, give me your hand; come this way

Far from them. See the dead years in old-fashioned gowns
Lean over the balconies of heaven;
Smiling Regret rise from the depths of the waters;

The dying Sun fall asleep beneath an arch, and
Listen, darling, to the soft footfalls of the Night
That traits off to the East like a long winding-sheet.

”” William Aggeler, The Flowers of Evil (Fresno, CA: Academy Library Guild, 1954)

Meditation

Be good, my Sorrow: hush now: settle down.
You sighed for dusk, and now it comes: look there!
A denser atmosphere obscures the town,
To some restoring peace, to others care.

While the lewd multitude, like hungry beasts,
By pleasure scourged (no thug so fierce as he!)
Go forth to seek remorse among their feasts ””
Come, take my hand; escape from them with me.

From balconies of sky, around us yet,
Lean the dead years in fashions that have ceased.
Out of the depth of waters smiles Regret.

The sun sinks moribund beneath an arch,
And like a long shroud rustling from the East,
Hark, Love, the gentle Night is on the march.

”” Roy Campbell, Poems of Baudelaire (New York: Pantheon Books, 1952)

And   from Albert Samain

Versailles

I

Ô Versailles, par cette après-midi fanée,
Pourquoi ton souvenir m’obsède-t-il ainsi ?
Les ardeurs de l’été s’éloignent, et voici
Que s’incline vers nous la saison surannée.

Je veux revoir au long d’une calme journée
Tes eaux glauques que jonche un feuillage roussi,
Et respirer encore, un soir d’or adouci,
Ta beauté plus touchante au déclin de l’année.

Voici tes ifs en cône et tes tritons joufflus,
Tes jardins composés où Louis ne vient plus,
Et ta pompe arborant les plumes et les casques.

Comme un grand lys tu meurs, noble et triste, sans bruit ;
Et ton onde épuisée au bord moisi des vasques
S’écoule, douce ainsi qu’un sanglot dans la nuit.

II

Grand air. Urbanité des façons anciennes.
Haut cérémonial. Révérences sans fin.
Créqui, Fronsac, beaux noms chatoyants de satin.
Mains ducales dans les vieilles valenciennes,

Mains royales sur les épinettes. Antiennes
Des évêques devant Monseigneur le Dauphin.
Gestes de menuet et coeurs de biscuit fin ;
Et ces grâces que l’on disait Autrichiennes…

Princesses de sang bleu, dont l’âme d’apparat,
Des siècles, au plus pur des castes macéra.
Grands seigneurs pailletés d’esprit. Marquis de sèvres.

Tout un monde galant, vif, brave, exquis et fou,
Avec sa fine épée en verrouil, et surtout
Ce mépris de la mort, comme une fleur, aux lèvres !

III

Mes pas ont suscité les prestiges enfuis.
Ô psyché de vieux saxe où le Passé se mire…
C’est ici que la reine, en écoutant Zémire,
Rêveuse, s’éventait dans la tiédeur des nuits.

Ô visions : paniers, poudre et mouches ; et puis,
Léger comme un parfum, joli comme un sourire,
C’est cet air vieille France ici que tout respire ;
Et toujours cette odeur pénétrante des buis…

Mais ce qui prend mon coeur d’une étreinte infinie,
Aux rayons d’un long soir durant son agonie,
C’est ce Grand-Trianon solitaire et royal,

Et son perron désert où l’automne, si douce,
Laisse pendre, en rêvant, sa chevelure rousse
Sur l’eau divinement triste du grand canal.

IV

Le bosquet de Vertumne est délaissé des Grâces.
Cette ombre, qui, de marbre en marbre gémissant,
Se traîne et se retient d’un beau bras languissant,
Hélas, c’est le Génie en deuil des vieilles races.

Ô Palais, horizon suprême des terrasses,
Un peu de vos beautés coule dans notre sang ;
Et c’est ce qui vous donne un indicible accent,
Quand un couchant sublime illumine vos glaces !

Gloires dont tant de jours vous fûtes le décor,
Ames étincelant sous les lustres. Soirs d’or.
Versailles … Mais déjà s’amasse la nuit sombre.

Et mon coeur tout à coup se serre, car j’entends,
Comme un bélier sinistre aux murailles du temps,
Toujours, le grand bruit sourd de ces flots noirs dans l’ombre.

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